Chapitre 16

Confrontations inattendues

Description : C:\Users\Lecto\Desktop\HP2\Lippert,Norman G.-[James Potter-2]La Malediction du gardien(2011).French.ebook.AlexandriZ_fichiers\/epubstore/N/L-Norman/La-Malediction-Du-Gardien//image037.jpg

Comme l’avait craint Cameron, le professeur McGonagall veillait au retour des élèves. Elle était assise dans l’entrée, une tasse de thé à la main, son châle en tartan sur les épaules, un long parchemin posé devant elle. Quand Petra monta la première les marches du portique, le professeur leva les yeux en la voyant apparaître en pleine lumière.

— Vous rentrez tard, Miss Morganstern, et vous êtes la dernière sur ma liste. Peut-être devriez-vous…

La voix du professeur s’interrompit net quand elle aperçut le reste du groupe émerger péniblement. Ses yeux s’écarquillèrent en remarquant la chemise ensanglantée de James et le poignet abîmé de Ralph. Elle se releva d’un bond, renversant son thé.

— Mr Potter ! Mr Deedle ! Au nom du ciel, que signifie… ? commença-t-elle avant de s’interrompre pour se tourner vers Petra : Miss Morganstern, Mrs Gaze se trouve dans la Grande Salle, veuillez l’avertir immédiatement de la situation, et demandez-lui de nous rejoindre à l’infirmerie.

Ralph tendit son poignet blessé devant lui.

— C’était un… commença-t-il.

— Un animal sauvage, coupa Petra. Il est sorti des bois alors que nous allions rentrer. C’est de ma faute, professeur. Cette bête a sans doute senti le sandwich au bœuf que je ramenais de chez Mrs Pieddodu. J’aurais dû éviter de le faire.

Mrs McGonagall poussait déjà ses troupes en direction de l’infirmerie.

— Nous déterminerons plus tard les fautes commises, Miss Morganstern, grommela-t-elle. Pour le moment, je vous en prie, dépêchez-vous. Je veux voir Mrs Gaze.

L’infirmière les rejoignit peu après. En claquant la langue, elle inspecta rapidement la poitrine de James, puis se tourna vers Ralph.

— Miss Morganstern, vous avez parfaitement arrêté le saignement de ces deux garçons, dit-elle, d’un ton professionnel. Voudriez-vous aussi m’aider ? Le temps que mon assistante arrive, nous en aurons probablement terminé. Donnez-moi ce flacon d’Arthroset et ces boîtes de bandages DermoRépar, je vous prie. Peut-être pourriez-vous aussi nettoyer les blessures de Mr Potter ?

Petra acquiesça, puis elle se lava les mains et remplit d’eau une bassine. James serra les dents en retenant un gémissement quand elle commença à frotter légèrement ses entailles.

— Ne parle de Ted à personne, chuchota Petra tout en travaillant. Le monde n’est pas très tendre envers les loups-garous, même ceux qui le sont à moitié comme Ted.

— Je sais, répondit James, tout aussi doucement. Il m’en a parlé l’an dernier. Mais à l’époque, il ne se transformait pas encore. Il devenait juste très agité durant la pleine lune.

Petra hocha la tête.

— Aujourd’hui encore, il se transforme rarement. Après tout, un seul de ses parents était un loup-garou. S’il avait été vraiment une bête, je n’aurais jamais pu l’empêcher d’attaquer Ralph. Il ressemble à un lycanthrope, mais c’est surtout dû aux gènes de métamorphomage qui lui viennent de sa mère.

— Tu crois qu’il fait exprès de se transformer en loup ?

Petra secoua la tête, mais davantage pour exprimer la perplexité que le déni.

— C’est très compliqué. Je ne pense pas que Ted l’ait réellement voulu. En temps normal, il arrive à se contrôler, mais quand la lune est pleine, une partie de lui veut devenir un loup, même si le sang de son père ne suffit pas à le transformer physiquement. Puisqu’il est aussi le fils de sa mère, il peut aider à la transformation. Et quand il est bouleversé, il a vraiment du mal à échapper à cet appel.

James soupira… et ressentit aussitôt la douleur de sa poitrine. Il faillit demander pourquoi Ted n’avait attaqué que Ralph, mais il connaissait déjà la réponse. Après tout, Ted avait été très clair quand James lui avait parlé un peu plus tôt, dans la journée. Ralph était un Dolohov, même s’il en refusait le nom, et c’était un Dolohov qui avait tué le père de Ted.

Très doucement, James demanda :

— Crois-tu que ce soit Ted qui ait détruit le tunnel de la Cabane Hurlante ?

Petra haussa les épaules.

— C’est possible. Aujourd’hui, il avait des raisons d’être… en colère. Je suis désolée, mais c’est à cause de moi. Je lui ai rappelé ce qu’il avait perdu, et ce n’était pas mon but. J’avais vraiment besoin de lui parler.

James étudia le visage de la jeune sorcière, mais il comprit qu’elle ne dirait rien de plus. En vérité, James n’avait pas non plus envie d’en discuter. Il avait horriblement mal au front, et la seule chose qu’il désirait était de se reposer.

Mrs Gaze insista pour que James et Ralph passent la nuit à l’infirmerie, et qu’ils dorment sur les lits enchantés et relaxants. Aucun des deux garçons ne protesta, surtout en sachant qu’un petit déjeuner leur serait servi au lit le lendemain matin. De plus, ça repoussait d’autant l’inévitable confrontation avec le directeur, à qui ils devraient expliquer leur aventure – qui n’avait pas encore reçu de punition. La poitrine de James avait été bandée très serré, mais il savait que les entailles causées par le loup-garou cicatrisaient déjà : il sentait la démangeaison de sa peau qui guérissait. Vivre dans le monde magique est remarquable, pensa-t-il, une fois couché. Malheureusement, il se souvint ensuite que, malgré la magie et les potions, son grand-père Weasley était mort d’une stupide attaque cardiaque. James aurait préféré subir des semaines de lente guérison douloureuse si les alchimistes qui avaient inventé les bandages DermoRépar avaient plutôt travaillé à une cure magique des cœurs fatigués.

— Qu’allons-nous dire à Merlin ? chuchota Ralph le lendemain matin, tandis que les deux garçons prenaient leur petit déjeuner.

James secoua la tête d’un geste nerveux.

— La vérité, j’imagine, sauf pour ce qui concerne Ted. Comme l’a dit Petra, autant que tout le monde croit que nous avons été attaqués par un animal sauvage.

Ralph frissonna.

— J’ai vraiment cru qu’il allait me mettre en morceaux.

— Je te comprends, c’est ce que je craignais aussi, admit James. Ralph, Ted n’était pas dans son état normal. Il s’est transformé en loup, d’abord parce que son père avait du sang loup-garou, ensuite parce que sa mère était une métamorphomage. Tu vois, comme l’a dit Petra, il y avait quand même Ted à l’intérieur de cette bête. Il n’essayait pas vraiment de te tuer, il voulait juste venger ses parents. Et tu t’es trouvé être la cible la plus proche quand il a cherché quelqu’un à blâmer.

— Je sais, répondit Ralph d’une voix triste. Franchement, je ne lui en veux pas. Tu crois que je vais aussi devenir un loup-garou ?

— Non, répondit James. Ted n’est pas un véritable loup-garou. Il a besoin de ses spécificités de métamorphomage pour se transformer en loup. Sa morsure ne suffit pas à te contaminer. Tu t’en sors bien.

Ralph hocha la tête, en réfléchissant.

— Pourtant, la prochaine fois que je le verrai, l’ambiance sera bizarre, c’est sûr. Comment traiter amicalement quelqu’un qui a essayé de m’arracher le bras avec ses dents ?

— On verra bien quand ça arrivera, Ralph. Pour le moment, nous avons assez d’autres problèmes à gérer.

Plus tard, dans la matinée, Mrs Gaze déclara que Ralph et James étaient suffisamment en forme pour retourner dans leurs chambres. Elle leur demanda quand même de revenir à l’infirmerie le lendemain, pour changer leurs pansements.

Les deux garçons croisèrent Rose en quittant l’infirmerie.

— Nous avons été convoqués dans le bureau du directeur, annonça-t-elle, le visage livide. Immédiatement. Venez avec moi.

En silence, ils traversèrent ensemble le château, et approchèrent enfin la gargouille qui gardait l’escalier en spirale.

— Mot de passe ? demanda la statue d’une voix monotone.

— Euh…il vient de changer, annonça Rose à James et Ralph. Le professeur Hallondonk m’a donné le nouveau en me disant qu’on était convoqués. Attends que je réfléchisse. Oh, oui… Caerth Hwynwerth.

— Mince alors, dit Ralph, tandis qu’ils montaient tous les trois les escaliers. Jamais je ne me souviendrai d’un truc pareil.

Rose hocha la tête d’un air grave.

— Si tu veux mon avis, c’est fait exprès.

— Peut-être ne verrons-nous pas Merlin, chuchota James avec espoir. Ces derniers temps, il voyage sans arrêt. Le professeur McGonagall le remplace quand il n’est pas là.

Rose se contenta de regarder James, sans trop y croire. Puis elle frappa le lourd panneau de bois qui fermait le bureau du directeur.

— Entrez, répondit une voix sonore et rocailleuse.

James et Ralph déglutirent en même temps. La porte s’ouvrit avec force, et ses gonds grincèrent légèrement. James se raidit, s’attendant à voir sa cicatrice fantôme le brûler, mais ce ne fut pas le cas. Du moins, pas beaucoup. Il résista à son besoin d’y toucher. Merlin était assis derrière son énorme bureau. Devant lui, sur la seule chaise de la pièce, se trouvait (à la grande surprise de James) Damien Damascus. Le jeune sorcier avait l’air penaud et contrit, mais James n’était pas certain que cette expression soit authentique.

Merlin s’adossa dans son fauteuil, et noua ses doigts ensemble.

— Mr Damascus et moi discutions de votre départ inattendu d’hier, dit-il. Il a été assez aimable pour me rencontrer de son plein gré, prétendant être responsable de vos actions. Vous serait-il possible de confirmer son histoire ?

— Euh… commença James, dont les yeux passaient de Merlin à Damien. Euh… oui.

Merlin hocha lentement la tête.

— Très bien, je vous écoute, Mr Potter. Veuillez me donner votre version.

Les yeux bleus glacés de Merlin transperçaient ceux de James, mais James n’y lut aucune malice ou méchanceté. Il se racla la gorge, jeta un coup d’œil aux deux autres pour avoir leur support. Ralph resta figé et muet. Rose, les yeux écarquillés, se contenta de hocher la tête. Aussi, James se lança :

— Eh bien, nous voulions juste voir Pré-au-lard, monsieur. Nous savions que nous n’avions pas l’âge requis pour passer le week-end au village, mais nous avons pensé… enfin, je veux dire…

— Vous avez pensé que le règlement ne s’appliquait pas à vous, dit Merlin en hochant la tête. C’est bien le point délicat de votre histoire, non, Mr Potter ?

James déglutit, avec l’impression qu’une énorme boule lui étouffait la gorge. Il piqua un fard.

— Ouais, j’imagine, monsieur.

— Dites-moi, dit Merlin, en se penchant en avant, comment avez-vous réussi à sortir du château sans être vus ?

Une fois de plus, James regarda Damien. Le visage du jeune sorcier était toujours un masque de repentir et de regret. Tout à coup, James se souvint que c’était le rôle de Damien chez les Gremlins – il en avait souvent entendu parler ! Damien était un bouc émissaire. Mais jusqu’à présent, James n’avait pas trop compris ce que ça signifiait.

— Euh… Damien nous a montré un chemin, dit-il, le front plissé, fixant toujours Damien. Il a trouvé un passage secret… euh, voilà.

Merlin poussa un soupir.

— Oui, c’est aussi ce que dit Mr Damascus.

Damien hocha la tête, l’air effondré.

— Je les ai provoqués, monsieur. Je leur ai dit qu’ils n’avaient pas le cran nécessaire pour filer en douce et passer un week-end à Pré-au-lard. Je n’ai pas réfléchi ! J’aurais dû comprendre qu’ils se feraient prendre ou qu’ils seraient attaqués par une bête sauvage et féroce en revenant au château, à cause d’un innocent sandwich au bœuf. Je suis vraiment désolé.

Le visage décomposé, Damien se cacha entre ses mains, et sanglota.

Un sourcil relevé, Merlin se contenta de le fixer, d’un regard un tantinet sceptique. Après un long moment, il retourna son attention vers James.

— Malgré les moqueries de Mr Damascus, vous auriez tous les trois dû réfléchir, et je ne suis pas enclin à vous pardonner si facilement. Je refuse qu’une institution qui prône l’ordre et la discipline tolère un comportement aussi irresponsable.

Merlin baissa les yeux sur son bureau, agitant sa plume sur quelques notes. James jeta un coup d’œil rassuré à Ralph et à Rose. Ils s’en sortiraient probablement avec des points ôtés à leurs maisons, ce qui était plutôt pénible, mais pas la fin du monde. Quand Damien se tourna vers lui, il avait toujours l’air aussi coupable que possible.

Sans lever les yeux, Merlin annonça :

— Votre punition sera la dissolution de votre prétendu club de Défense. Avec effet immédiat.

La bouche ouverte, James regarda Merlin. Rose parla la première.

— Vous ne pouvez pas faire ça, monsieur ! s’écria-t-elle. Ce serait punir tous les membres du club en même temps que nous.

Merlin releva vivement les yeux.

— Si je me rappelle bien, vous avez convaincu un « première année », membre de ce club, de vous accompagner hier dans votre journée de débauche.

— Cameron ? dit Ralph. Il nous a suivis. Nous avons essayé de nous en débarrasser.

— Dans tous les cas, ceci ne m’incline guère à faire confiance à votre habilité à diriger un club de ce genre.

En colère, James fronça les sourcils.

— Mais ce n’est pas juste pour le reste du club !

— Pas juste ? Quel étrange concept votre époque a-t-elle de la justice ! Comme s’il était tellement important d’être juste, dit Merlin avec un soupir. Au Moyen Âge, d’où je viens, on trouvait « juste » ce qui était mathématiquement « exact », c’était une notion bien utile à la foire où des animaux et des serviteurs étaient vendus et échangés. J’aimerais que vous vous rappeliez ce que m’évoque ce mot avant de les répéter devant moi dorénavant.

— Mais, monsieur… commença Rose.

Merlin la fit taire en levant une main.

— C’est mon dernier mot, dit-il sévèrement. Allez-vous-en. Vous aussi, Mr Damascus.

Sans un mot de plus, Rose tourna le dos et s’éloigna, suivie par un Ralph. Damien se leva, sembla vouloir dire quelque chose au directeur, puis changea d’avis. Avant de partir, il jeta à James un regard d’avertissement. Le visage impassible, Merlin regardait James. Finalement, James, lui aussi, se détourna et avança vers la porte.

— James, dit une voix.

Elle provenait de la rangée des tableaux des anciens directeurs. James leva les yeux. Le portrait de Severus Rogue était vide, mais celui d’Albus Dumbledore avait la tête tournée vers lui. Le vieux sorcier regardait James à travers ses lunettes en demi-lune, avec un étrange petit sourire aux lèvres.

— Attends un peu. Je crois que le directeur souhaite te parler seul à seul.

La porte du bureau claqua avec un bruit sonore, et James sursauta. Il pivota, et trouva Merlin juste derrière lui, le surplombant de sa haute taille.

— J’ai l’intention d’avoir un petit entretien avec toi, mon garçon, dit l’énorme sorcier, d’une voix basse et menaçante. Tes amis croient peut-être savoir ce qui se passe, mais je suis bien persuadé que le problème existe en réalité entre toi et moi. Et tu le sais.

James ne sut pas quoi répondre. Quand il leva les yeux pour regarder le visage dur de Merlin, il sentit son cœur battre follement. Merlin continua :

— Comme tu t’en doutes, très peu de choses se passent entre ces murs sans que je le sache. Tu es passé à travers l’Amsera Certh, et j’imagine que tu as appris des choses à mon sujet, ou sur ce qui s’est passé dans ce château. De ce fait, tu as un avantage sur moi. Pendant un temps, j’ai étudié les us et coutumes de cette époque. J’ai beaucoup appris, très peu apprécié. La seule chose que j’ignore encore est ce que tu as l’intention de faire, James, et ce que tu crois. Tu m’inquiètes, mon garçon, ça c’est sûr. Non pas que je te craigne, bien sûr, mais je crains ce que tu peux choisir de croire. Il n’y a qu’une seule chose qui m’empêche actuellement de me débarrasser de toi, et sais-tu ce que c’est ?

La question était rhétorique, aussi James ne se donna pas la peine d’y répondre. Merlin leva la main, et la pointa directement sur le front de James.

— Ça, grommela-t-il. Oui, je la vois. Je ne sais pas d’où elle vient, ni par quels sortilège elle a été conjurée. Peut-être signifie-t-elle que tu es mon allié, aussi étrange que ça paraisse. Peut-être signifie-t-elle au contraire que tu es mon adversaire. Il y a cependant une question, et une seule, qui reste entre toi et moi, James Potter. Et cette question pèse sur la balance pour déterminer la décision finale. Sais-tu de quoi il s’agit ?

Non, James ne savait pas. Il commença à secouer la tête, et soudain, il se souvint de quelque chose. Peut-être lut-il en fait cette réponse dans les yeux de Merlin, parce que c’était le souvenir d’un autre moment où lui et le directeur s’étaient tenus comme ça, en tête à tête, en privé. C’était dans la caverne où Merlin avait caché ses affaires, après le test de la corde d’or.

— La confiance, dit James d’une voix sèche.

Ça sonnait juste. Merlin hocha la tête, en réfléchissant.

— Je te surveillerai, James Potter. Comme tu le sais, j’ai des yeux partout… (Il jeta un coup d’œil de côté, indiquant le portrait vide de Severus Rogue.) La confiance dure jusqu’à ce que l’évidence soit révélée. Je te surveillerai… le temps de trouver cette évidence.

Il y eut un cliquètement discret, et la porte du bureau du directeur s’ouvrit. James tourna la tête dans sa direction. L’entrevue était terminée, mais il n’avait pas réellement envie de s’en aller. Une fois de plus, il regarda le directeur et carra les épaules.

— Est-il exact que vous ne pouvez attaquer quiconque dans ces murs ?

Merlin lui adressa un sourire pincé. Il tourna le dos, et avança jusqu’à son bureau. Une fois là, il indiqua du doigt l’Amsera Certh posé sur son trépied, couvert par un épais tissu noir.

— Demande à lord Hadyne, dit-il, puis il ajouta d’une voix plus basse : Ou à lady Judith.

Le tissu noir jaillit soudain hors du miroir, révélant sa surface grise. Le tourbillon qui ondulait à l’intérieur s’éclaircit tout à coup, tandis que les pages du Livre Compas semblaient tourner d’elles-mêmes, comme agitées par un vent violent.

— Cours, James ! ordonna à mi-voix le portrait de Dumbledore. Il ne faut pas que tu vois ça. Sauve-toi.

Se tournant aussi vite qu’il le pouvait, James fila vers la porte. Elle claqua derrière lui, secouant les murs du couloir. Haletant, terrorisé, James s’arrêta au sommet de l’escalier en spirale. Il était très perturbé par ce que Merlin lui avait dit. Le directeur semblait penser que James pourrait être son ennemi, et pourtant… il n’en était pas sûr. C’était certainement terrible de savoir que la seule raison qui empêchait Merlin de l’attaquer était la protection du château, et la mystérieuse marque fantôme sur son front. Étrangement, Merlin pouvait la voir, mais sans savoir d’où elle venait. Puisque Merlin ne la provoquait pas lui-même, alors qui était-ce ? Qu’est-ce que la cicatrice cherchait à dire à James au sujet du directeur ?

— James ? appela la voix de Rose, en bas des escaliers. Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi mets-tu aussi longtemps ?

James jeta un regard derrière lui, vers la porte du bureau du directeur. Il ne savait pas ce que voulait dire tout ça, mais il avait le sentiment atroce qu’il allait le découvrir très bientôt. Et cette idée, plus que tout autre, le terrorisait.

Ce fut en y réfléchissant qu’il dévala les marches pour rejoindre ses amis.

 

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Cette nuit-là, James était assis à une table dans un coin de la salle commune. Il sortit un morceau de parchemin, plongea sa plume dans son encrier, réfléchit un moment, et commença à écrire.

 

Cher papa,

 

Comment va tout le monde à la maison ? J’espère que Grand-mère est contente dans ma chambre. Mais attention qu’elle ne regarde pas sous mon lit, parce que c’est là qu’Al et moi cachions les vers luisants que nous trouvions. Je ne pense pas que nous ayons réussi à tous les enlever. Dis-lui aussi de ne pas regarder sur la dernière étagère du placard. En fait, ce serait aussi bien (pour tout le monde) qu’elle ne touche pas du tout au placard.

J’ai entendu parler des attaques de Détraqueur à Londres, et j’ai entendu aussi que le ministère allait ouvrir un nouveau département des Aurors pour régler ce problème. Écoute, c’est difficile de tout expliquer dans une lettre, mais ce travail risque d’être bien plus dangereux qu’il n’y paraît. Quelque chose de vraiment démoniaque (qu’on appelle le Gardien des Portes) est revenu avec Merlin, et nous pensons qu’il utilise les Détraqueurs pour provoquer chez les gens la peur dont il a besoin. Si tu veux savoir comment nous le savons, demande à Lucy. Elle a regardé dans la bibliothèque des sorciers pour nous, elle connaît des tas de choses sur le sujet. Tu dois faire attention, papa, parce que cette chose vraiment très très puissante – bien plus qu’un simple Détraqueur – et il cherche un hôte humain pour obtenir un pouvoir encore plus grand, et tout détruire.

Ça me rappelle au fait… papa, qu’est devenu l’anneau que Dumbledore t’avait donné ? En fait, ce n’était peut-être pas un anneau, mais une pierre. Je t’ai déjà entendu en parler, je crois, c’était dans les bois quand tu es parti combattre V. Quelqu’un ici a lu tes livres, et prétend que ça s’appelle la pierre de résurrection. N’empêche, j’ai besoin de savoir ce qu’est devenue cette pierre. Rose, Ralph et moi pensons qu’il serait très important de la retrouver pour se débarrasser du Gardien. Je te promets de n’en parler à personne. Sauf à Rose et à Ralph. Et peut-être à Zane, si nous pensons qu’il pourrait nous aider. Peut-être aussi à Cameron Creevey, parce que c’est lui qui s’est souvenu d’avoir vu la pierre dans tes livres. Mais à personne d’autre. D’accord ?

Merci papa,

Je t’embrasse,

 

James

 

PS. As-tu retrouvé la carte du M., la cape d’I. et ma poupée vaudou ?

 

James scella sa lettre dans une enveloppe, et commença à l’enfouir dans sa sacoche. Puis il s’arrêta, en se demandant soudain s’il avait le temps d’envoyer une lettre ce soir au lieu de demain. Il vérifia l’horloge, et vit qu’il n’était que 21:00. Il avait le temps d’aller jusqu’à la volière. Il dormirait mieux en sachant que la lettre était attachée à la patte d’Aristo, volant vers la maison de ses parents. Rose était déjà montée se coucher. Ralph était en bas, dans la salle commune de Serpentard, aussi James décida d’y aller seul. Il mit sa lettre dans sa poche, et passa à travers le portrait.

Quand James arriva dans l’escalier étroit qui montait à la volière, la lune apparaissait dans le ciel, énorme et pleine. Son visage glacé illuminait l’intérieur de la volière d’une lueur argentée, suffisamment pour que James voie où il allait. Il trouva Aristo, et s’arrêta un moment pour le caresser.

— Est-ce que tu manges bien, ici ? demanda James.

Aristo claqua du bec et gonfla ses plumes. James remarqua dans un coin de la volière différents petits os de rongeurs.

— D’accord, j’imagine que tu t’en sors très bien, dit-il avec un sourire.

Le grand oiseau sembla approuver. Il plongea sa tête sous la main de James, et s’y frotta. Après quelques minutes, James sortit la lettre de sa poche. Il l’attacha avec soin à la patte d’Aristo avec un petit morceau de ficelle.

— C’est très important, Aristo, expliqua James. Va voir papa aussi vite que possible, d’accord ? Et attends jusqu’à ce qu’il écrive une réponse. Si possible, ramène-la avec toi.

Aristo claqua encore du bec, puis avança sur son perchoir, manifestement prêt à partir. Dès que James relâcha sa patte, le hibou écarta ses grandes ailes, se balança un moment, puis se jeta en avant, vers l’une des hautes fenêtres de la volière. Il fit quelques tours, dérangeant d’autres hiboux sur leurs perchoirs, puis dans un dernier claquement de ses plumes dorées, il disparut.

James se sentait beaucoup mieux. Il quitta la volière, et redescendit l’escalier étroit. Quand il arriva dans le couloir en dessous, il s’arrêta. Un peu plus tôt, lorsqu’il était passé, les couloirs étaient déserts, mais maintenant, il y avait quelqu’un debout, à regarder par la fenêtre. La silhouette noire était soulignée par la clarté de la lune à l’extérieur. James vit qu’il s’agissait d’une fille aux longs cheveux. Il eut le sentiment étrange – et peut-être l’espoir – que c’était Petra, mais pourtant, il ne le pensait pas. Quand James avança vers la fille, elle ne bougea pas. Il l’avait presque dépassée quand elle s’adressa à lui sans tourner la tête.

— Il est un peu tard pour envoyer du courrier. Ça devait être important, James.

En reconnaissant la sorcière, James se sentit frémir d’appréhension. C’était Tabitha Corsica.

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? jeta-t-il, sans s’arrêter.

Il avait l’intention de la laisser plantée là, mais les prochains mots qu’elle prononça le forcèrent à se retourner.

— Personne ne peut arrêter le Gardien, tu sais, dit-elle en faisant face à James. Tu peux raconter ce que tu veux. C’est trop tard.

Jamais était sidéré. Son esprit bouillonnait, mais il ne savait pas quoi dire. Comment Tabitha pouvait-elle connaître le Gardien maudit ? Ni James, ni Rose, ni Ralph n’en avait parlé à personne. Mais au moment même où il se posait la question, il réalisa que la réponse était évidente : Tabitha connaissait le Gardien parce qu’elle faisait partie du complot qui visait à le contrôler, à le lâcher sur la terre. Il n’y avait aucune autre explication.

Tabitha se retourna à nouveau pour regarder la lune. Elle s’appuya confortablement sur le mur de pierre.

— Tu crois comprendre ce qui se passe. Tu es convaincu que tu peux appréhender les multiples implications de la Malédiction du Gardien. (Elle eut un rire rauque.) C’est ce que j’aime au sujet des Potter. Pour vous, le monde est si simple. Vous ratez tous les détails essentiels, et avant tout, l’image globale. Et ça n’a jamais été plus évident que maintenant.

James voulut parler, mais sa voix était rauque et terrorisée. Il se racla la gorge, et essaya encore.

— Tu as l’intention de m’en empêcher ?

— De t’en empêcher ? répéta Tabitha sans se retourner. Mais de quoi ? Tu ne m’as pas entendue ? Il est trop tard pour arrêter quoi que ce soit. Le Gardien est déjà là. À cette minute même. Il a une autre tâche à accomplir, mais c’est presque terminé. Je suis là pour te défier, James, pour me moquer de ta défaite. Je veux voir ton visage quand tu découvriras la fin du monde que tu connais.

Cette fois, Tabitha se tourna pleinement, et James recula. Il n’avait jamais vu la sorcière comme ça. Ses cheveux étaient lâchés, son visage livide, ses yeux hantés. En fait, ils étaient même cerclés de rouge, avides et affamés.

— Oui, haleta-t-elle, en se penchant en avant. Voilà l’expression que je voulais voir. Tu comprends, maintenant non ? La Malédiction du Gardien est presque accomplie, mais certains d’entre nous l’attendent avec espoir. Ton monde sera terminé, ainsi que celui des infâmes Moldus, mais ceux qui sont restés purs de cœur verront enfin leur avènement. Ce sera pour nous une bénédiction. Salazar Serpentard a tout organisé pour que ce jour arrive. La venue du Gardien annonce une ère de perfection pour les pur-sang. Nous ne serons plus jamais limités par les lois de gouvernements trop faibles ; nous ne vivrons plus dans l’ombre des insectes moldus, cachés comme des fourmis sous un rocher. Pour nous, le Gardien est l’émissaire de notre suprématie !

James recula d’un autre pas, effrayé par la férocité sauvage de ce regard dément.

— Tu… tu ne peux pas vraiment croire ça, bafouilla-t-il. Personne ne peut contrôler le Gardien ! Il apportera la destruction de tout et de tout le monde. Même son hôte humain sera tué quand il n’aura plus d’utilité.

Tabitha eut un lent sourire.

— Quelle étrange idée ! Crois-tu vraiment que personne ne puisse contrôler le Gardien ? Bien sûr, je sais pourquoi tu préfères t’accrocher à cette idée. Tu t’obstines à faire confiance à Merlinus Ambrosius parce que c’est à cause de toi qu’il est arrivé à cette époque. Tu cherches à te convaincre que, à la fin, il ne se tournera pas de notre côté. Ça t’offre un lambeau d’espoir, pas vrai ?

James hocha la tête. Jusqu’à ce moment, il ne l’avait pas réalisé, mais Tabitha avait raison. Au tréfonds de son cœur, James faisait confiance à Merlin. Il ne savait pas exactement pourquoi, mais c’était la vérité. Malgré ses doutes, ses craintes, et toutes les évidences qu’on lui proposait, James n’arrivait pas à croire que Merlin utiliserait la balise-pierre pour faire le mal. Il croyait au contraire que Merlin l’utiliserait pour se battre contre le Gardien, même si c’était sans espoir.

Le sourire de Tabitha devint indulgent.

— Accroche-toi à cet espoir aussi longtemps que tu le peux, James, dit-elle d’une voix presque inaudible. Et quand le Gardien sera à nous, tu verras Merlin donner la pierre et nous rejoindre. J’espère être là pour voir l’espoir mourir dans tes yeux. Je l’espère vraiment.

James ressentit finalement un éclair de colère. Il se redressa de toute sa taille, et fit un pas en avant.

— Tu mens, dit-il fermement. Tu essayes juste de me faire peur. Tu sais très bien que ton plan peut encore foirer. Il n’est pas trop tard, malgré ce que tu en dis. Tu peux dire à tous ceux qui t’envoient, à tous ceux qui t’assistent, que tu m’as donné ton message et que je l’ai trouvé sans importance. Je ne reculerai pas. Nous trouverons l’autre moitié de la balise-pierre.

Cette fois, le sourire de Tabitha disparut. Elle regarda James avec un certain étonnement. Puis, lentement, le sourire revint, montant sur son visage comme un lever de soleil.

— L’autre moitié de la balise-pierre ? répéta-t-elle amusée. Tu n’as donc rien compris ? Pas étonnant que tu aies été aussi énergique. Mon cher James, nous possédons déjà cette autre moitié de la balise-pierre. Et ce depuis des années. Nous avons utilisé nos meilleurs sortilèges pour la retrouver. Mais ce n’était pas très difficile, tu sais. Ton père s’est contenté de la jeter dans la Forêt Interdite. Oui, il l’a laissée là, à la portée du premier venu qui la cherchait un peu sérieusement. J’étais là la nuit où elle a été retrouvée.

À nouveau, Tabitha éclata de rire, et à nouveau, James entendit la folie qui l’animait. Elle s’arrêta, et respira profondément, puis secoua la tête.

— Que c’est dommage pour toi, James ! Oh, mais c’est pour ça que tu viens d’écrire à ton père, non ? Tu lui demandais où était la pierre ? Je suis désolée que tu aies perdu ton temps. Maintenant, tu vois combien la situation est précaire. Le seul point en suspens est celui des loyautés si fragiles de Merlinus. Ça doit être vraiment excitant pour toi d’attendre ce qu’il fera.

La colère de James n’avait pas diminué devant ces révélations. Au contraire, elle s’était intensifiée.

— Je ne te crois pas, Corsica. Tu dis ça pour m’empêcher de travailler contre toi. Ça ne marche pas. Même si les mages noirs ont la moitié de la balise-pierre, Merlin ne se joindra pas à vous. Je ne le laisserai pas faire. Dis à tes petits copain que j’ai reçu le message, et dis-leur aussi que je les envoie tous se faire voir chez les Nargoles.

Sur ce, James se détourna et s’écarta. Après quelques pas, il s’arrêta et dit :

— Au fait, j’ai encore un truc à te dire, mais ce n’est que pour toi, Corsica. Je sais que tu t’imagines avoir mon frère à ta botte, mais si jamais tu t’avises de l’impliquer dans quoi que ce soit, je m’occuperai personnellement de toi. Et ne crois pas que c’est une vaine menace.

— Albus ? s’étonna Tabitha, le sourire complètement disparu. Je pense qu’il est assez grand pour choisir lui-même.

James étrécit les yeux, et hocha la tête.

— Exactement.

Quand James s’éloigna, Tabitha cria une dernière fois, et sa voix renvoya des échos dans le couloir.

— Savoure tes espoirs, James… Savoure-les pendant le temps qu’il te reste…

 

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En repassant derrière le portrait, James tremblait de tout son corps. Cette rencontre avec Tabitha l’avait terriblement bouleversé, malgré ses mots bravaches. Tout était si compliqué. Était-il exact que son père avait simplement jeté la pierre de la résurrection dans la Forêt Interdite avant sa confrontation avec Voldemort ? Et Tabitha et ses mystérieux alliés avaient-ils réellement retrouvé la moitié de la balise-pierre ? Quel espoir alors restait-il à James ?

Cette fois, James réalisa combien, en dépit de tout, il était persuadé que Merlin ne s’allierait pas au Gardien. Mais était-ce parce que Merlin était digne de confiance, ou parce que James ne pouvait supporter l’idée que le grand enchanteur les trahisse ?

Avec un frisson, James se souvint que Judith, la Dame du Lac, avait elle aussi fait confiance à Merlin… jusqu’au moment où il l’avait tuée.

Étrangement, malgré tout ce qui l’attendait, la seule chose que James avait envie de faire était de se coucher et dormir.

Il monta dans son dortoir, arracha ses vêtements, et tomba dans son lit. La lune brillait à travers la petite fenêtre de l’autre côté de la pièce. Son éclat trop brillant lui brûla les yeux. James se tourna, et tira son oreiller sur sa figure. Alors qu’il était presque endormi, ses idées bouillonnantes commencèrent enfin à se calmer… seule une étrange question surnageait encore dans sa tête. James se rassit et regarda par la fenêtre cette lumière brillante et argentée, tout en se répétant, encore et encore :

Comment Tabitha Corsica avait-elle su que James était à la volière ?

 

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La Malédiction du gardien
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